Au fil de son second album « Althaea », le duo londonien Trailer Trash Tracys condense un certain nombre de styles en une musique palpitante à mi-chemin entre figuration et abstraction. A la fois élégante et contagieuse, cette musique n’est pour autant pas pop au sens traditionnel du terme, mais sollicite notre intuition. Au-delà d’un simple exercice philosophique, le duo signe son album le plus ambitieux, aux confins de la pop music.

En 2012, leur premier album « Ester » jouait les funambules entre ordre et chaos, s’appuyant sur un écosystème dense et onirique de poésie Soufie, de cascades d’harmonies, le tout sublimé par la voix chargée d’émotions de Suzanne Aztoria. Les premiers singles, « Strangling Good Guys » et « You Wish You Were Red » prouvaient déjà toute la singularité du groupe, au delà du carcan de la dream pop lo-fi, visant quelque chose de bien plus profond et ésotérique.

Avec « Althaea » le groupe poursuit ses explorations dans les contrées les plus éloignées de la pop music pour un résultat stupéfiant. Sur les 10 titres qui composent l’album, le groupe s’éloigne des structures de chansons traditionnelles pour créer ses propres règles, influencé par les musiques de carnavals philippins par les ryhtmes latins et par la musique japonaise des années 80. Même lorsque le duo s’approche le plus du format pop, comme sur « Eden Machine » ou « Kalesa », leur musique s’imprègne d’une splendeur baroque et d’une intense sensualité. L’interaction entre ombres et lumières, étranger et familier, porte l’album par ses plaisirs variés et provoque de nouvelles émotions à chaque écoute.

English

Over the course of their lush, fiercely original sophomore album “Althaea”, London based duo Trailer Trash Tracys condense a number of disparate styles into music that thrillingly broaches the void between figuration and abstraction. While undeniably beautiful and quite often infectious in parts, this is certainly not pop music by any traditional definition; rather, it appeals to the more intuitive of mind and wild at heart. More than simply becoming a philosophical exercise however, the result is their most ambitious and idiosyncratic body of work to date, one which operates at the very limits of what pop music can be.