Qu’y a-t-il derrière le mur du son ? Qu’y a-t-il pour nous attendre après la mort ? Peut-être cette chanson, Arcadia, qui ouvre l’album de Ramona Lisa. Car cette chanson, qui démarre dans un chaos de cloches qui finissent par sonner le glas à l’unisson, avant de respectueusement fermer leurs lèvres pour laisser la place pâle à un chant d’ange insurgé, eh bien cette chanson n’existe pas sur terre. Après cette merveille ingénue, la pop redevient un peu plus normale, joueuse et instable, mélangeant langueurs électroniques et voltiges lyriques comme le font si bien les filles de ce siècle. “Normale”, autant que peut l’envisager Ramona Lisa (Caroline Polachek dans l’ancienne vie), qui a déjà largement étiré les textures, limites et règles de la pop-music avec son groupe Chairlift, où elle n’a jamais confondu audaces et cascades vocales avec concours d’amygdales de Castafiore.

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