Il a toujours été préférable de ne pas parler de WU LYF, d’en faire l’expérience plutôt que d’en parler.

Les mots l’ont tué. Il fallait le ressentir.

Douze ans après l’incendie, la vie nous a séparés. Nous avons tous suivi des chemins différents en essayant d’échapper à l’ombre projetée par le bref spectacle de notre jeunesse.

Puis quelque chose s’est brisé. Ou guéri.

Nous nous sommes installés dans le grenier de la librairie d’un ami, derrière des instruments inconnus, des émotions familières, et nous avons commencé à jouer, d’abord timidement, mais avec des cœurs et des esprits ouverts, à la recherche de nouvelles formes libérées de ce qui avait été auparavant. De vieux amis avec de nouvelles cicatrices, essayant de ne pas aggraver les blessures d’hier.

Nous sommes tous surpris par la grande musique qui se joue encore à travers nous, un cadeau inattendu après le plus long exil, un fragment étincelant d’autrefois, magnifié par ce que nous sommes aujourd’hui. Brut et extatique, le feu transfiguré.

Nous ne savons pas ce qu’il deviendra.

On ne déterre pas la graine pour voir si elle pousse.

On attend. On fait confiance.

On reconnaît l’arbre à ses fruits.

Nos mains savent ce que nos esprits ont oublié.

C’est quelque chose qui a toujours été là, attendant que nous nous en souvenions.

Une nouvelle vie s’annonce.