Mercedes et Phoenix sont déterminées à protéger et à valoriser la nouvelle génération – que ce soit ceux qui luttent avec leur identité, leurs relations, ou les femmes dans l’industrie musicale en général. « Même si nous ne nous sommes jamais rencontrés, nous nous sentons connectées par cette cause commune », acquiesce Mercedes.

« Nous désapprenons cette mentalité d’auteur de pop qui dit : ‘Tu dois écrire un single radio !’ Ce n’est pas ça, Softcult. »

Cette libération d’énergie refoulée se manifeste aussi dans leur virage vers le shoegaze et le grunge, avec des sonorités encore plus lourdes à venir (« Nous expérimentons aussi avec des ambiances plus industrielles… »). Ces nouveaux paysages sonores s’accordent parfaitement avec les paroles de Softcult, ajoutant une intensité à leurs mots tout en offrant aux gens de quoi chanter. Mais, avant tout, c’est le message qui mènera toujours la danse. « Nous ressentons une responsabilité – presque un désespoir – à changer les choses avant que notre temps soit terminé », partage Mercedes, tandis que Phoenix ajoute : « C’est notre tour de porter le flambeau et, on l’espère, d’améliorer les choses pour la génération suivante. »

Lorsque le monde s’est arrêté net début 2020, les jumeaux Phoenix (iel) et Mercedes Arn-Horn (elle) ont vu là l’occasion de tout recommencer. Après plus de dix ans à faire de la musique ensemble, ils ont saisi la chance d’explorer quelque chose de nouveau, sans savoir où cela les mènerait.

« Mercedes et moi avions envisagé de lancer un nouveau projet, mais dès que ces chansons ont commencé à prendre vie, on a ressenti une excitation et une passion qui nous manquaient sans qu’on s’en rende compte », dit Phoenix.

Dès le départ, les sœurs savaient qu’il leur fallait bousculer les choses pour rester investies dans le projet. Non pas qu’elles s’étaient contentées du minimum jusque-là, mais plusieurs facteurs semblaient jouer en leur faveur.

« On n’a pas souvent l’occasion de tout recommencer. Je dirais que la plus grande différence avec Softcult, c’est que tout a grandi en studio, plutôt que sur la route », explique Mercedes. « Avant, le studio servait à retourner sur la route ; cette fois, on a laissé le studio devenir une extension de notre vision. C’était gratifiant d’une toute autre manière. »

Portées par les bouleversements de 2020 – comme la montée du mouvement Black Lives Matter après la mort de George Floyd, ou les inégalités sociales et économiques exacerbées par la pandémie – les sœurs ont canalisé leur frustration dans leur musique.

« Softcult est un projet très engagé socialement et politiquement », affirme Phoenix. « Beaucoup parlent, mais n’agissent jamais vraiment en accord avec leurs paroles. »

« On a essayé de ne pas trop réfléchir à chaque morceau et de les laisser nous guider », dit Phoenix. « Il ne fait aucun doute qu’il y a une noirceur sous-jacente dans le contenu, mais on est aussi infiniment plus confiantes que ce sont les bonnes chansons pour le bon moment. »

Le prochain EP du duo, Year of the Snake, capture parfaitement ce désenchantement. Reconnaissant que les chansons sont plus sombres que celles de leur premier EP, Year of the Rat, les sœurs s’accordent à dire qu’elles se sentent désormais plus solides sur le plan sonore.