NATALIE BERGMAN
Mercy est le premier album solo de Natalie Bergman, un album autoproduit enregistré dans l’une des périodes les plus étranges, marquée par une profonde tristesse et une transformation personnelle. C’est un disque saisissant, souvent magnifique — une course vers le bord du précipice, avec un regard sans détour vers le vide.
Enregistré dans le home studio de son frère à Los Angeles, en Californie, Bergman avait déjà connu une longue et brillante carrière en tant que moitié du duo fraternel Wild Belle. Mais c’est la première fois qu’elle écrit et interprète entièrement son propre matériel.
Cet album vibre d’une puissance rédemptrice ; il est régénérant, original et profondément cathartique. Et avant d’aller plus loin, il faut préciser qu’il s’agit en quelque sorte d’un album gospel.
Bergman s’approprie ce genre avec une grande aisance. Ses premières amours musicales étaient les chants religieux, notamment les hymnes simples et répétitifs. « J’ai toujours écrit des chansons sur Jésus », dit-elle. « Cela ne me fait pas peur ; cet album est ma vision du gospel. » Sa voix s’aventure souvent dans les registres supérieurs, rappelant parfois les chanteuses de blues des années 1930, ou même Erykah Badu. Mais il n’y a rien de rétro dans sa façon d’harmoniser sa propre voix en superposant des accords doux et aériens.
Il faut aussi souligner une chose : Natalie a fait cet album parce qu’elle en avait absolument besoin.
La musique de Mercy a commencé à germer quelques mois après la perte de son père dans un accident frontal causé par un conducteur ivre. Son père et sa belle-mère ont été tués dans cette collision. Peu après, Natalie a visité un monastère dans le désert du sud-ouest des États-Unis, et c’est là qu’elle a entamé la création de cet album.
On peut établir un parallèle avec certaines expressions avant-gardistes du christianisme apparues dans la foulée du mouvement de Jésus, notamment avec Fire of God’s Love (1973), un album mystique de chants dévotionnels composé par la voix éthérée de Sœur Irene O’Connor, réédité en 2018 par Wyrd War. Mais Bergman n’est pas une nonne, et sa musique est bien plus sensuelle que celle d’O’Connor.
« La première chanson que j’ai écrite pour Mercy est ‘Home At Last’ », raconte-t-elle. « C’est la meilleure chanson que j’ai jamais écrite. Je parle beaucoup de la maison dans cet album. Croire en cet endroit a été ma plus grande consolation. J’avais une urgence et une obsession à vouloir savoir que mon père s’y trouvait. Sa mort soudaine a plongé mon esprit dans un chaos tourbillonnant. Cet album m’a donné mon seul espoir de revenir à la vie. La musique gospel apporte de l’espoir. C’est une bonne nouvelle ; elle est exemplaire. Elle peut vous apporter la vérité. Elle peut vous maintenir en vie. Ces chansons se sont presque écrites toutes seules, et elles comptaient sur moi pour les chanter. »
Avec Mercy, Natalie Bergman a offert l’un des premiers grands albums de 2021.