Holly Herndon, grande prêtresse de la musique électronique contemporaine connue pour son travail sur les nouvelles technologies, a sorti son dernier album ‘PROTO’  le 10 mai 2019 sur 4AD. Elle en dévoile ‘Eternal‘, histoire de vampire du troisième millénaire inspirée par l’idée d’amour infini grâce à la vie éternelle permise par les avancées technologiques. Accompagnée par une orchestration grandiose et un ensemble de chanteurs berlinois, la vidéo de ‘Eternal’ est ellaborée à partir de captations d’une machine intelligente. Ces enregistrements y sont analysés par l’intelligence artificielle afin d’établir une connexion avec des visages humains.

Pour son troisième album, Holly Herndon dirige un ensemble de chanteurs, développeurs et une intelligence artificielle nommée Spawn, dont elle assemble les participations sur un vieux PC de gamer réadapté. Le résultat : une véritable mise à jour des possibiltiés créatives liées aux nouvelles technologies.

‘PROTO’ fait référence à ce qu’Holly Herndon appelle « the protocol era », ère durant laquelle des batailles idéologiques font surface rapidement au sujet du futur des protocoles sur l’intelligence artificielle, l’internet centralisé et décentralisé, et des protocoles politiques et personnels qui nous forcent à nous demander qui l’ont est, ce que l’on est, ce qui nous importe et vers quoi l’on se dirige.

‘Eternal’ suit le titre collaboratif de Holly Herndon et Jlin, ‘Godmother (ft. Spawn)’. Ce morceau créé par Spawn est une sorte de reprise du travail de sa « marraine », Jlin, associé à une modélisation de la voix de sa mère, Holly. Un titre sans montage, sans samples, complimenté par la critique dès sa sortie fin 2018.

Des traces de Spawn sont perceptibles tout au long de l’album, enregistré et développé en partenariat avec les collaborateurs de longue date de Holly Herndon, Matthew Dryhurst et Jules LaPlace. On entend aussi des bribes de répétitions à Berlin, pendant lesquelles des centaines de personnes se sont réunies pour apprendre à Spawn à reconnaître et réinterpréter des sons inconnus.

Holly Herndon explique : « There’s a pervasive narrative of technology as de-humanizing. We stand in contrast to that. It’s not like we want to run away; we’re very much running towards it, but on our terms. Choosing to work with an ensemble of humans is part of our protocol. I don’t want to live in a world in which humans are automated off stage. I want an A.I. to be raised to appreciate and interact with that beauty ».

Depuis 2012, Holly Herndon s’affirme comme grande prêtresse de l’Avant-garde et de la pop électronique, préparant parallèlement son doctorat de recherche sur le machine learning et la musique à l’université de Stanford. Son album ‘Platform’ (2015) pointait les dérives et les implications personnelles tout comme politiques de réseaux sociaux dominants. ‘PROTO’ constitue quant à lui une véritable exploration des opportunités et des limites de l’intelligence artificielle.

English

Since her arrival in 2012, Holly Herndon has successfully mined the edges of electronic and Avant Garde pop and emerged with a dynamic and disruptive canon of her own. Born in the mountains of East Tennessee, she went from singing in church to enrolling in a German exchange program. Adopting Berlin as a second home, she cut her teeth performing in the city’s clubs prior to attending Mills College. She utilized the laptop as “the most intimate instrument,” cultivating live voice processing systems and developing custom vocal patches to construct experimental pieces performed in real-time. She put those pieces into play on the likes of ‘Breathe’ and ‘Dilato’ from her full-length debut, Movement.